Anno IX - Numero 10
Non è sufficiente parlare di pace. Bisogna crederci.
Eleanor Roosevelt

giovedì 12 settembre 2019

Non, la France ne doit pas devenir une start-up

La France ne doit pas devenir une start-up, ni ne doit penser et agir comme une start-up. La France est une nation, un état, un peuple, une histoire, une culture. Le modèle Français est établi «Liberté, Égalité, Fraternité» et il a une vocation éternelle, car la France n’est pas et ne sera jamais une entreprise. C’est une République

di Mehdi Medjaoui

A Vivatech, Jeudi 15 juin, Emmanuel Macron dans son discours sur la politique d’innovation de la France, annonçant par là même 10 milliards d’euros d’investissement, a prononcé ces mots en apparence modernes: «I want France to be a start-up nation. A nation that thinks and moves like a start-up.» (Je veux que la France soit une nation start-up. Une nation qui pense et agit comme une start-up.)

Voici le lien du discours en entier pour ceux qui veulent aller plus loin que la phrase, mais cet article prend en compte tout le discours qui a été prononcé.
C’est selon moi la phrase qui résume le mieux le «manque d’idéologie» d’Emmanuel Macron, qu’on lui reproche depuis des mois et que l’on voit bien avec ses candidats aux législatives…. et je vais expliquer rapidement en quoi cette phrase (et tout le discours derrière par la même) est dangereuse pour la République Française. Car c’est la pire chose qu’il puisse arriver pour la France d’être une nation start-up, qui pense et agit comme une start-up, c’est-à-dire la politique du pivot permanent.

Car 90% des start-up meurent dans les 5 premières années, à cause de leur modèle à très haut risque financier et basé sur l’hyper-croissance. On ne peut pas prendre en otage toute une Nation sur un modèle fait pour être ephemère, sur un modèle darwinien (en) marche ou crève.
La France n’est pas une start-up, elle a déjà son modèle

Non, la France n’est pas une start-up, c’est-à-dire une organisation temporaire en recherche de modèle de croissance et de revenus, comme le définit Steve Blank, l’un des pionniers à théoriser la mentalité start-up dans la Silicon Valley. La France est une nation multi-centenaires, dont le modèle «liberté égalité fraternité» est universel, universaliste et résonne pour l’éternité. Elle n’est plus en recherche de modèle. Elle est dans l’exécution de ce modèle depuis 220 ans.

Non, la France n’est pas une start-up, détenue par un petit nombre d’actionnaires et des fonds d’investissements non élus, autorisés à faire des choix unilatéraux sans contre pouvoir qui s’imposent pour tout le groupe. La France est une nation démocratique, souveraine, dont les représentants sont du peuple, élus par le peuple, pour le peuple et qui cherche la séparation et l’équilibre des pouvoirs dans l’intérêt de tous ces citoyens.
La France ne doit pas penser comme une start-up, elle doit mettre l’innovation au service du progrès

Non, la France ne doit pas penser «make something people want», comme le dirait Paul Graham, le fondateur du plus connu des accélérateurs de start-up qui est YCombinator. La France est une République (res-publica; la chose publique) qui pense l’intérêt général au dessus des intérêts particuliers. On aurait encore la peine de mort si l’on s’était contenté d’accomplir uniquement les choses que les gens voulaient. La France doit penser make what THE people want. Le peuple dans son ensemble. Pas une partie du peuple.

Non la France ne doit pas adopter la stratégie de blitzscaling pensée par Reid Hoffman -fondateur de LinkedIn et investisseur- c’est-à-dire investir des ressources à très grande perte, sur un profil très risqué, misant sur la dette pour prendre des positions de marché dominantes. La France doit gérer ses finances publiques en bonne intelligence car c’est au fond l’argent des citoyens, et elle doit investir sur des infrastructures pour l’avenir, moins risquées et moins rentables à court terme. Ce n’est pas à l’Etat Français de prendre des risques, c’est aux entrepreneurs, qui seront récompensés pour cela. Car oui, penser comme une start-up, c’est penser la croissance extrême, à n’importe quel prix, dans une fuite en avant qui mène à l’échec dans 90% des cas. Mais contrairement à une startup, si on rate, on ne peut pas recommencer la France ailleurs.

Non la France ne doit succomber à la dictature de l’innovation qui règne dans la Silicon Valley, qui se met à innover pour innover tant qu’il y a des gens pour investir dans une économie de bulle…Comme le dirait Peter Thiel dans «Where is the Future». «On voulait des voitures volantes, on a eu des réseaux de 140 caractères à la place». La France ne doit pas se penser et se piloter comme un jeu où l’on éclate des bonbons, ou un réseau social de photos ou de micro-messagerie.

«La France, 5ème puissance mondiale et puissance nucléaire ne se pilote pas comme CandyCrush, Tinder ou Snapchat»

En revanche, la France se doit de penser le Progrès. Avec des valeurs issues des Lumières, elle doit éclairer le monde à nouveau en pensant le futur, et en mettant l’innovation et les start-up au service de ce futur, car «Innovation sans conscience n’est que ruine de l’âme».

Par exemple, la France en tant que Nation doit penser le futur par ses intellectuels éthiques scientifiques et industriels, définir des objectifs qualitatifs et quantitatifs pour l’avenir de l’humanité et favoriser l’innovation en ce sens, et sortir du «spray and pray» qui est de croire que l’on doive arroser et supporter toutes les innovations et prier pour voir celles qui évolueront en progrès.

Elle peut le faire par le pilotage se sa recherche publique vers ces objectifs, le pilotage se sa politique de financement de l’innovation via la Banque Publique d’Investissement et la Caisse des dépôts et Consignation et une politique ouverte de valorisation par les ses Sociétés d’Accélération du Transfert de Technologies. L’Etat peut le faire aussi avec le contexte juridique de la propriété intellectuelle pour autoriser tous les entrepreneurs sur le territoire à a accéder une licence gratuite sur les brevets non exploités détenus par l’Etat.

C’est peut-être même négocier au niveau mondial de renoncer à la brevetabilité du vivant ou des médicaments pour les pays plus pauvres,ou sur les énergies propres, dans une logique de progrès pour l’humanité contre la logique du capital. Un peu comme l‘a fait Elon Musk quand il a mis les brevets de Tesla dans le domaine public, ou bien l’accélérateur YCombinator dont j’ai parlé plus haut qui garantis avec son centre de recherche YCResearch que toutes les résultats issues de leurs travaux seront dans le domaine public.

Dans le même temps, La France, contrairement à la philosophie start-up, se doit de diriger le monde pour réfléchir aux gardes fous que l’innovation essaie de contourner poussé par sa logique de profit à court terme. C’est par exemple ce qu’ont fait des entrepreneurs et chercheurs de la Silicon Valley dans le mouvement OpenAI qui souhaitent financer l’équilibre des savoirs dans le domaine de l’intelligence artificielle, afin de garantir que celle ci ne parte pas à la dérive et devienne notre dernière invention. C’est le rôle d’une Nation éclairée comme la France de penser ces choses là au niveau mondial. Pas de penser comme une start-up d’accepter toute innovation quelque soit son impact sur le monde, sous le seul prétexte que c’est de l’innovation, sans que l’on sache dans quelle direction aller. Car comme le dit le proverbe chinois «Il n’ y a de bon vent qu’à celui qui sait où il va».

Non la France ne doit pas céder comme les start-up à la datacratie galopante qui pense que l’on peut tout piloter avec des metrics d’acquisition, d’activation, de retention, de revenus et de recommandations, des statistiques et de la big data. Voire même succomber à ce qu’Eric Ries, l’auteur de Lean Startup, appelle les Vanity Metrics, ces indicateurs de succès qui n’en sont pas. Que l’on peut tout automatiser, dans une martingale vertueuse ce création de valeur et illimitée. Non, la donnée n’est qu’une représentation de la réalité car elle souffre toujours de biais statistiques et de collecte. Comme le dit Jacky Fayolle administrateur de l’Insee, «Lorsque les indicateurs sont utilisés sur un mode fétichiste, déconnectés du système d’information dont ils sont issus, ils appauvrissent l’action publique plus qu’ils ne l’enrichissent, tout en offrant une évaluation facile, mais illusoire, des performances de ces actions».
Cathy O’Neil dans son livre Weapons of Maths Destruction: How Big Data Increases Inequality and Threatens Democracy(Armes de Destruction Mathématiques : comment les Données Massives Augmentent les Inégalités et Menacent la Démocratie) prend quant à elle l’exemple de la crise des subprimes où elle explique «qu’une formule peut être parfaitement inoffensive en théorie. Mais lorsqu’elle est employée à grande échelle et devient un standard national ou mondial, elle crée sa propre économie déformée et dystopique.» Derrière, ce ne sont pas des fonctionnalités d’application qui ne marchent plus, ce sont des gens expropriés et mis à la rue, des faillites financières de gens qui avaient investi leur retraite sur les marchés et qui n’ont plus rien… et de l’argent public par centaines de milliards de tous les citoyens qui vient renflouer les banques.

A l’´échelle d’une start-up qui recherche son modèle, il est facile de revenir en arrière dans le réel pour comprendre ce qui ne marche pas et de publier une nouvelle version du logiciel deux jours plus tard. Quand l’on parle de baser toute la société derrière la donnée, on prend le risque d’en diluer le sens, ce qui crée un risque systémique de décalage entre la réalité et sa représentation statistique ou algorithmique à une échelle ou l’on ne peut plus arrêter la Machine.

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